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Copie du courrier envoyé à Michel Platini

 

    "Monsieur,

    Je me permets de vous écrire pour vous adresser une étrange requête.

    Je suis la fille de Bolec Kocik, peut-être ce nom vous est-il inconnu. Mon père était joueur professionnel à l'USVA de 1958 à 1972, il a voué toute sa vie au football, mais il nous a quitté trop tôt en 1993, à l'âge de 55 ans, lors d'un tragique accident de la circulation.

    Originaire de Moyeuvre-Grande (Froidcul), je sais qu'il a joué contre votre père au début de sa carrière (avant d'être professionnel). Après sa carrière professionnelle, il est devenu enseignant d'EPS et a entraîné parallèlement différents club du Nord-Pas-de-calais. D'ailleurs vous l'avez rencontré alors qu'il entraînait le club du Touquet, l'équipe de France, dont vous faisiez partie, y effectuant un stage. Pendant de longues années le ballon signé par toute l'équipe de France a trôné au milieu de ses trophées dans sa chambre.

    L'année de son décès, il entraînait le petit village de Curgies où nous vivions. Triste fin, devez-vous penser. Oui et non. c'est vrai que mon père avait été écœuré des différentes magouilles des grands clubs. Mais son amour pour ce sport était resté intact. Il avait toujours dit qu'il finirait sa carrière dans son village d'adoption, ce qu'il a fait. Mais il y avait un grand projet :
- permettre de survivre aux petits clubs du Valenciennois en les réunissant,
- détecter de nouveaux talents,
- donner une chance de s'en sortir aux jeunes "difficiles" d'une région sinistrée par le chômage.
Il avait réussi à fusionner deux clubs : l'AS Curgies et le FC le Centre (une équipe de Valenciennes). Malheureusement, cette fusion ne lui a pas survécu.

    Si je vous ai raconté tout cela, ce n'est pas pour que vous continuiez son oeuvre (quoique...). C'était pour vous résumer en quelques phrases une vie consacrée au football et donner du poids à ma singulière requête. Ne pourrait-on rendre un dernier hommage à un homme qui a consacré toute sa vie au football lors de la Coupe du Monde. Il aurait tellement été heureux de ce Mondial 98. Je ne vous demande pas de grandes cérémonies, juste une minute de silence... Pas au stade de France, mais au stade Bollaert. Je ne voudrais pas vous paraître présomptueuse, je voudrais seulement  offrir une pensée à mon père.

    J'espère que vous lirez personnellement cette lettre, dans le cas contraire elle finira au panier. Mais j'aurais au moins essayé...

    Espérant une réponse favorable de votre part, je vous prie d'agréer, Monsieur, mes salutations distinguées."

 

NB : J'ai envoyé cette lettre à deux adresses différentes : l'une à la Fondation Michel Platini, et l'autre au Comité Français d'organisation de la Coupe du Monde de football 98. Quelques jours plus tard, je recevais un coup de téléphone d'un employé de la Fondation Michel Platini qui voulait être sûr que j'avais bien envoyé un double du courrier au Comité Français d'organisation de la Coupe du monde de football pour que M. Platini puisse effectivement lire cette lettre. Je tenais à souligner cette attention particulière à laquelle j'ai été sensible. En outre, Michel Platini m'a effectivement répondu dans des termes très attentionnés. Vous pouvez lire sa réponse à la page suivante.