De
taille supérieure à la moyenne (il mesure 1 m. 82), il a hérité de ses
parents de nationalité polonaise, une chevelure blonde, des yeux bleus, un
accent slave, la gentillesse et le don de l'hospitalité. C'est Bolek KOCIK,
l'homme du milieu du terrain au sein de l'équipe de football de l'USVA. Il vit
actuellement les dernières années (…ou les derniers mois) de sa carrière
professionnelle.
Quels sont les objectifs,
les regrets, les désirs qu'il garde en secret ? Qui est-il ? Bolek
Kocik répond :
Pourquoi
êtes-vous devenu joueur de football ?
-
Je suis né en 1938 à Moyeuvre-Grande, dans la Moselle et j'ai vécu toute ma
jeunesse dans un petit village situé à quelques centaines de mètres à
Froidcul. Dans cette région, la seule distraction était le sport et spécialement
le football. Je suis donc venu tout naturellement au ballon rond. Au cours de ma
deuxième année junior, Robert Domergue et Léon Desmenez qui pratiquaient
à l'époque une politique de recrutement de jeunes, m'ont remarqué et
j'ai signé une licence amateur à V.A. Dès la fin de ma première saison à
Valenciennes, j'ai joué dans l'équipe pro aux côtés de Markievitch,
Cauwelier, Puccar et autres Makowski, Baulu, Schaeffer, Stako.
La région d'où je venais a
donné d'ailleurs beaucoup de joueurs au football professionnel… et à V.A. en
particulier : je pense notamment à Provelli, Sérafin, Piumi, Masnaghetti,
Magiera, Cisowski et Keller. Cela se comprend aisément. Je vous l'ai déjà
dit, le football était la seule distraction.
Qu'avez-vous appris
à V.A. ?
- Comme beaucoup de jeunes actuellement (Duguépéroux, Joly, Wolniak,
etc.…) nous avons été formés par Robert Domergue dont nous avons gardé la
"marque de fabrique". Au fil des années, j'ai amélioré ma vision du
jeu ; je suis beaucoup plus sobre et plus décontracté qu'autrefois. Plus
efficace.
Votre meilleure saison ?
- Le football est essentiellement un sport d'équipe ; ma meilleure
saison a donc coïncidé avec celle de V.A. qui termina deuxième du championnat
derrière Nantes.
En fin de saison j'ai failli partir avec l'équipe de France pour la
Coupe du monde en Angleterre, malheureusement pour moi, ce sont Bonnel, Muller
et De Bourgoing qui ont fait le voyage.
Votre
meilleur souvenir ?
-
Ma sélection dans l'équipe de France B en 67 (1-1 contre la Belgique) et aussi
bien sûr tous les voyages que j'ai effectué avec V.A. : Hong Kong, New York,
Abidjan, la Roumanie, etc.…
Votre
plus grande déception ?
-
Chaque joueur professionnel espère remporter la coupe de France au moins une
fois dans sa vie. Ma plus grande déception fut d'avoir été éliminé par Lyon
en demi-finale au Parc des Princes (2-0). A 1-0, Je fus fauché dans la surface
de réparation ; malheureusement, Serge Masnaghetti rata le penalty… et
nos espoirs d'aller en finale s'envolèrent par la même occasion.
Quels
sont à votre avis les meilleurs joueurs actuels de la division nationale ?
-
Sur le terrain, je ne crains personne. Cependant Takac de Rennes, et Keita de Saint-Étienne
m'ont fait une grosse impression. Quant à Magnusson de Marseille, je ne l'ai
jamais rencontré balle au pied.
Pensez-vous
que le fait d'être marié puisse nuire à une carrière de
professionnel ?
-
Je ne le pense pas. Bien au contraire. Depuis mon mariage (avec une Anzinoise en
1962), je suis beaucoup plus équilibré. J'ai appris à prendre mes
responsabilités dans tous les domaines. Je n'ai plus commis les erreurs qui
sont souvent le propre d'un célibataire. Et dans les coups durs, ma femme a
toujours été une excellente conseillère.
Vos
loisirs ?
-
J'en ai peu. Le matin est consacré bien sûr aux entraînements au stade
Nungesser. L'après-midi je m'occupe du libre-service dont je suis propriétaire
à Curgies (servir les clients, tenir à jour les livres de comptes, passer les
commandes, etc…). Ce commerce me crée beaucoup de soucis pour un rapport qui
n'est pas suffisant. J'espère que le nouveau Président de la République (je
suis avec sérieux la campagne électorale à la T.V.) améliorera le sort des
commerçants.
Un
souhait ?
-
J'aimerais (malheureusement mon commerce ne me le permet pas) prendre un mois
complet de vacances avec ma fille et ma femme qui attend un heureux événement.
Un garçon j'espère !
Une
anecdote ?
-
Il y a quelques semaines nous devions partir à Ajaccio par avion. J'étais en
compagnie de Provelli, de Sérafin et de Magiera qui est toujours au courant des
horaires. Malheureusement cette fois-là, l'avion décolla avec l'entraîneur et
le reste de l'équipe… sans nous. Nous ne sommes arrivés que le lendemain
à quelques minutes du coup d'envoi.
L'avenir ?
-
Cette année, grâce au nouveau "contrat à temps" je suis libre. Je
me sens encore suffisamment fort pour effectuer deux ou trois saisons à V.A.
J'espère ensuite trouver un club amateur dans la région. Des contacts ont même
été établis cette année avec Vieux-Condé et Jeumont. De toute façon, je
vais certainement passer mon diplôme d'entraîneur en juillet 1970. Joueur,
entraîneur et commerçant, mon avenir est donc tout tracé.
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